Nutrition minérale des vaches laitières Distribuez-vous la juste dose de minéraux, vitamines et oligoéléments ?
Vouloir diminuer le coût alimentaire en réduisant la complémentation minérale et vitaminée (CMV) est risqué pour la santé des animaux à moyen et long termes. Par contre, des excès, des formules inadaptées ou des aliments « tout en un » peuvent parfois entraîner des surcoûts plus ou moins justifiés. Le BTPL détaille les besoins d’une vache laitière en fonction de sa ration.
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Il existe de grands écarts de prix entre les formules les plus simples, et d’autres intégrant par exemple, plus de vitamine E, des substances tampon, des levures, des capteurs de mycotoxines, des formes de bolus à diffusion régulée, par exemple. Ces formules complexes sont souvent bien dosées et pratiques à utiliser mais ne sont pas forcément nécessaires. CMV pratique ou CMV économique : il faut choisir en respectant dans tous les cas certains fondamentaux.
L’aliment minéral et vitaminé AMV a un rôle essentiel, à court terme, sur la production, et à plus long terme sur la reproduction, le vêlage et l’immunité des animaux. Une carence ou un déséquilibre sont peu visibles sauf en cas de très forte carence. C’est par exemple le cas de la fièvre de lait ou d’une tétanie d’herbage du comportement de pica (animal qui lèche le sol, les éléments métalliques, le purin…) généralement par manque de sel. Ces déséquilibres peuvent aussi être dus à des interactions entre minéraux. Par exemple, dans certaines situations, c’est l’excès de potassium dans l’herbe jeune qui empêche l’absorption du magnésium dans l’organisme et déclenche la tétanie d’herbage.
L’apport des minéraux et des vitamines doit être quotidien, car ces éléments ne sont pas, pour la plupart, stockés dans l’organisme. Les prises de sang ou les analyses de poils sont difficilement interprétables pour mettre en évidence le manque ou l’excès d’un élément précis.
Les minéraux principaux : Phosphore et Calcium
Les minéraux les plus sensibles sont :
- le phosphore (P) : sert au squelette, métabolisme énergétique, croissance, production laitière. Son déséquilibre entraîne des chutes de croissance et de production, boiteries, baisse de fertilité surtout en cas d’excès et de déséquilibre avec le calcium.
- le calcium ( Ca) : squelettes, fonction musculaire, sanguine, composant du lait. Carence : fièvre de lait, boiterie, fractures. Réduit l’absorption des oligoéléments en cas d’excès.
- le magnésium (Mg) : métabolisme énergétique et musculaire. Situation à risque à la mise à l’herbe (tétanie, non délivrance,…)
- le sodium (Na) : Influx nerveux, muscles, sang. Perte d’appétit en cas de carence, pica, baisse du TB, acidose si combiné à une carence en potassium (K).
Les besoins sont en principe exprimés en quantités absorbables au niveau du tube digestif ; si ces valeurs ne figurent pas sur l‘étiquette du CMV, on peut les calculer à partir de la teneur totale du minéral et des coefficients d’absorption réelle suivants : 38 % pour le calcium et 65 % pour le phosphore. (Ca abs = 38 % Ca total, Pabs = 65 % P total)
Besoins en g/VL/j |
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P abs |
Ca abs |
Mg abs |
Na abs |
CL abs |
K abs |
E : Entretien |
Poids vif |
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PL : production laitière |
Lait (kg/j) |
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Gestation |
stade |
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Entretien |
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+ Production |
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+ Gestation |
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Total = E+PL+G |
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Source : Inra 2007 et Meschy 2007, L’alimentation minérale des bovins et ovins, de C.Dudouet, éditions France Agricole
Les oligoéléments et vitamines
Les apports recommandés en oligoéléments les plus sensibles : cuivre (Cu) zinc (Zn) Manganése (Mn) iode (I) et sélénium (Se) sont indiqués en mg/ kg de MS de ration.
Chez les ruminants, les bactéries du rumen, quand celui-ci fonctionne correctement, apportent les vitamines des groupes B, C et K. Les vitamines A, D et E doivent être apportées par l’alimentation, particulièrement dans les rations riches en concentrés.
Adapter la formule du minéral à la ration
Une fois les apports de la ration de base chiffrés, il faut choisir le type de minéral le plus adapté à la ration, selon son rapport P/Ca :
Exemple de minéraux :
0 – 30 : 0 % P et 30 % Ca : par ex, sur rations incorporant du tourteau de colza
5 – 25 : 5 % P et 25 % Ca
7– 21 : 7 % P et 21 % Ca
15 –15 : 15 % P et 15 % Ca par ex, sur rations riches en légumineuses
Compléter avec du carbonate de calcium
Pour les oligoéléments : une ration variée, avec une cure régulière d’oligoéléments en hiver apporte les besoins nécessaires. L’herbe fraîche est naturellement riche en de nombreuses vitamines.
Ne pas oublier le sel :
Le sel favorise l’ingestion et les échanges sanguins. Apporter 50 g/vache et par jour pendant la lactation, le mieux étant de laisser des pierres en libre-service à disposition, au pâturage ou en cas de forte chaleur.
Coût de la complémentation minérale :
Exemple
Minéral lactation : |
250 |
g/j |
x |
305 |
j |
x |
720 |
€/T |
= |
76,3 |
kg |
= |
54,9 |
€/VL/an |
Sel |
50 |
g/j |
x |
305 |
j |
x |
160 |
€/T |
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Minéral Tarissement : |
100 |
g/j |
x |
60 |
j |
x |
1220 |
€/T |
= |
6,0 |
kg |
= |
7,3 |
€/VL/an |
Total |
64,9 |
€/VL/an |
Besoins spécifique des taries : Baca nulle, vitamine E, sélénium
La BACA, balance alimentaire cation anion (ou bilan alimentaire cation anion) correspond à la différence pondérée entre les apports alimentaires de potassium (K) et de sodium (Na), et ceux de chlore (Cl) et de soufre (S).
BACA = cations - anions = (K + Na) - (Cl + S). Elle s’exprime en mEq/kg de MS (milliéquivalents par kg de matière sèche de la ration).
- les anions, chargés négativement, sont acidifiants : ils attirent les acides du sang vers le rumen (on parle de pouvoir acidogène) ;
- les cations, chargés positivement, sont alcalinisants : ils attirent les bases du sang vers le rumen.
Durant les trois dernières semaines de tarissement, pour prévenir la fièvre de lait, il faut rechercher une BACA proche de zéro (acidification du sang). Donc privilégier une ration à base d’ensilage de maïs et de paille, tourteau de colza, éviter l’herbe pâturée, la luzerne, l’ensilage d’herbe, éviter le bicarbonate de sodium, diminuer les apports de sel et de potassium, et apporter entre 50 et 100 g/j de chlorure de magnésium, ou de la fleur de soufre. Le pH urinaire peut être un indicateur, mesuré avec des bandelettes, il doit être inférieur à 7,5.
En début de lactation, pour favoriser l’ingestion, viser au contraire une BACA de 200 à 300 mEq/kg MS : incorporation d’herbe ou de luzerne dans la ration, apport de bicarbonate. Indicateur : pH urinaire entre 8 et 8,4.
Utiliser un minéral enrichi en sélénium et vitamine E, qui s’avèrent utiles à l’occasion du stress oxydatif provoqué par le vêlage.
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